Texte de Sylvie Bureau, intervenante au volet alimentaire
À l’automne 2017 se tiendra le premier sommet sur l’alimentation au Québec, ayant pour objectif de définir une vision commune du secteur de l’alimentation au Québec, afin de dessiner la future politique bioalimentaire du Québec qui sera dévoilée au printemps 2018.
C’est dans ce contexte que la Maison d’Aurore a tenu une journée de réflexion sur la sécurité alimentaire et le droit à la saine alimentation le 15 mars dernier. Après plusieurs présentations qui ont mis la table pour des discussions fructueuses (voir article p. 8-9), les participants se sont réunis autour de tables thématiques pour trouver des pistes de solutions aux problèmes d’accès économique, géographique et éducatif à la saine alimentation.
Beaucoup d’idées ont émergé de chacune de ces tables. En voici quelques exemples non exhaustifs :
Au niveau économique : on a suggéré un rehaussement du salaire minimum, un meilleur soutien aux petits agriculteurs québécois afin qu’ils puissent mieux concurrencer les produits importés, un transfert des frais demandés aux agriculteurs biologiques pour leur certification vers les grands agriculteurs qui polluent davantage. Par une taxation différenciée en fonction du type de commerce, on pourrait favoriser l’installation de commerces alimentaires dans les secteurs que l’on qualifie de déserts alimentaires. Et bien sûr, mieux financer les initiatives communautaires en sécurité alimentaire telles que les cuisines collectives et les jardins collectifs.
Au niveau géographique : il a été suggéré de lutter agressivement contre l’étalement urbain qui menace la capacité du Québec à maintenir sa souveraineté alimentaire. D’offrir des solutions qui répondent aux besoins exprimés par les acteurs sociaux des différents quartiers de l’ile de Montréal. La Ville devrait prévoir l’installation de commerces d’alimentation de petites et moyennes tailles près des lieux de résidences afin de favoriser le transport actif. Plusieurs idées pour rapprocher les agriculteurs des citoyens ont été proposées telles que les camions ambulants, des mini-marchés locaux et mobiles. Soutenir les initiatives d’agriculture urbaine comme l’utilisation des terrains vacants et la réintégration des animaux en ville tels que les poules, moutons, etc.
Au niveau éducatif : la cantine scolaire pour tous les enfants d’âge scolaire a récolté plusieurs appuis tout comme l’instauration d’ateliers de sensibilisation à la cuisine et à la saine alimentation dès le plus jeune âge et tout au long de la formation scolaire. Il ne faudrait pas oublier le soutien à l’éducation populaire aux adultes via les groupes communautaires œuvrant en sécurité alimentaire. Les jardins collectifs par leur volet éducatif permettent une réappropriation de son autonomie alimentaire.
C’est remplies de tous ces beaux échanges que, dans un deuxième temps, 4 membres de la Maison d’Aurore ainsi que la responsable du volet alimentaire ont participé à un atelier régional de réflexion sur le droit à la saine alimentation. Cet évènement était organisé par le Réseau des Cuisines Collectives de Montréal dans le cadre de la journée nationale des cuisines collectives qui s’est tenue le 23 mars dernier à la Corbeille Bordeaux-Cartierville, un organisme communautaire œuvrant en sécurité alimentaire et en réinsertion sociale. Nous avons d’abord brisé la glace avec un jeu de « Qui consomme quoi? », qui nous a fait bouger, rire et créer des liens! Ensuite, Sylvie Bureau de la Maison d’Aurore a fait une présentation qui avait été élaborée par le Regroupement des Cuisines Collectives du Québec pour bien mettre la table pour ces discussions avec des définitions sur la sécurité, l’autonomie et la souveraineté alimentaire. Fut présenté également un survol des politiques alimentaires ici et ailleurs, ainsi que les principaux droits humains qui sont supposés garantir la sécurité alimentaire dans le monde.
Comme lors de la journée du 15 mars à la Maison d’Aurore, les propositions ont fusé dans tous les sens, de l’intervention dans les déserts alimentaires comme dans Pointe-Saint-Charles, à l’éducation et à la régulation des prix et l’élimination des quotas pour permettre à de nouvelles pratiques en agriculture d’émerger. L’innocuité des aliments en a préoccupé également quelques-uns, que ce soit les OGM, la présence de pesticide ou l’étiquetage déficient dans le cas des allergies alimentaires.
Toutes ces suggestions seront reprises lors des rencontres provinciales et à l’Assemblée générale annuelle du Regroupement des Cuisines Collectives du Québec à la fin du mois de mai. Une proposition de déclaration sur le droit à la saine alimentation, rédigée sur la base des idées des participants aux différents évènements régionaux, y sera alors votée.
Et vous, si vous étiez Premier(e) Ministre, que feriez-vous pour garantir le droit à une saine alimentation? Vous pouvez nous envoyer vos suggestions à sylvie(@)maisonaurore.org